Bonjour
Hier soir, j'ai été à une projection débat en avant première du film 'd'Une Seule Voix" en présence du réalisateur et de l'organisateur de la tournée.
Pour vous situer le film, c'est le récit de la folle tournée qui a eu lieu en France en mai 2006, où Israéliens et Palestiniens, juifs, chrétiens et musulman, croyants fervents et athées, mais avant tout musiciens, ont vécu ensembles pendant 21 jours un véritable marathon.
Partant du constat qu’il est maintenant impossible pour eux de se rencontrer en Israël ou dans les Territoires Palestiniens, le français Jean-Yves Labat de Rossi, a été les chercher chez eux, de part et d’autre du mur, avec l'accord des autorités mutuelles, pour les inviter à une tournée surprenante qui les a réunis en France pendant trois semaines.
Un pari audacieux qui se révèle rapidement risqué. Dès le début de la tournée, les rivalités apparaissent inévitablement. Sur scène, c’est un triomphe (chacun chante son propre registre) alors que dans les coulisses, le ton monte...
Mais au delà de leurs différences, ils vont finir par se trouver dans la musique.
Une telle promiscuité laisse des traces: la découverte de l'Autre, de sa culture, de son langage entrainant forcément la disparition des préjugés et de la peur. Des amitiés sont nées, et deux ans après l'aventure continue avec deux concerts, un à Chypre et un autre à Malte, qui ont vu des partenariats musicaux parfois surprenants commencer à émerger dans la création d'un registre commun, pourtant totalement inexistant à l'origine.
Une tournée européenne est prévue.
Lors de la mort d'un des musiciens arabe de la troupe, tué dans les bombardements en 2009, la chorale juive la plus célèbre d'Israël est venue chanter le Miserere (ni juif, ni musulman !) devant le village entier en hommage a leur ami disparu, dans un parfait respect mutuel.
Un jeune rappeur de la bande de Gaza, membre de la troupe, a créé une chorale de rapp hip-hop pour les jeunes de toutes confessions, jeunes habitués à se taper dessus dans la rue.
A la première séance, ils se sont copieusement insultés en musique...mais sans se toucher!
Maintenant, le respect s'est installé, et ils se retrouvent avec plaisir pour faire de la musique ensemble.
Alors que dire: une goutte d'eau dans l'océan? Certes.
Mais attendre une résolution politique du conflit sans bouger le petit doigt, c'est accepter l'état de fait.
Une petite goutte peut en toucher beaucoup d'autres...
NB: Peu de commentaires dans la presse sur ce film qui dérange les médias en montrant le conflit sous un jour différent: celui des êtres humains.
Un reporteur de TF1 a clairement résumé la situation pour motiver son refus de couvrir l'évènement: si le Hamas vous fait sauter (pour info, le Hamas a détruit tous les intruments des musiciens palestiniens, et a tabassé certains musiciens jusqu'à les rendre méconnaissables. Il a menacé de faire sauter la chorale si elle jouait dans la bande de Gaza), je viendrai faire un reportage, mais tant qu'il n'y a pas de mort, cela n'intéresse pas l'opinion publique.
L'opinion publique c'est vous, c'est moi, et moi je ne suis pas d'accord. Je tenais à le faire savoir.
http://www.duneseulevoix-lefilm.com/Site du film et dossier pédagogique en ligne pour les professeurs qui le souhaitent.