Lors de la prise des photos de
Comparettia coccinea in situ, j´ai aperçu un nid de l´un des oiseaux les plus communs au Brésil. Et l´un des mieux distribués dans le continent américain avec le brigand
Pitangus sulphuratus (bem-te-vi).
Il s´agit de la fameuse
Columbina talpacoti (tourterelle rousse, rolinha caldo de feijão).
Comme le nom de genre l´indique, c´est un Columbidé (parent des pigeons).
C´est une petite colombe grégaire hors période de reproduction comme la plupart de ses cousins.
L´espèce a un dimorphisme sexuel clairement marqué sur les sujets adultes : la femelle est marron et gris et le mâle marron rosé et gris bleuté (tête). Les deux de même taille.
Elles nidifient vers la fin de l´été jusqu'en hiver et construisent un nid grossier et peu profond (caractéristique des Columbidés) sur des arbres.
Ce nid petit et presque plat, est la cause de grande partie de pertes d´œufs ou poussins.
Les branches utilisées lors de la confection de leur maison offrent peu de cohésion mécanique. Donc le nid en fin de vie utile est bien délabré.
Les poussins doivent rester quasi immobiles (surtout en fratrie) dans leur nid pour ne pas tomber. Et cette immobilité, difficile à tenir sous la faim, peut être aussi une des clés du succès de cette espèce.
La plupart du temps les parents ne réussissent à mener à terme qu´un seul des deux ou trois oeufs qu´ils pondent.
avec un seul bec à nourrir, la tâche devient plus facile et plus profitable aussi pour 'mademoiseau'.
Nid sur goyavier avec pour voisins illustres : les
Comparettia coccinea fleuris.
Le poussin n´est pas de toute beauté

Sans faire un abus de langage, on peux dire que l´esthétique graphique du poussin est assez fatigante pour les yeux.

C´est un peu la beauté d´un sac de patates.
Ça effraye même les prédateurs savants et mal intentionnés
Notez quelques Comparettia coccinea en arrière plan.

Sur un autre site (
Cassia sp.)

Mâle en couvaison. Et dire que le poussin peut se transformer en ceci !

Femelle en couvaison

Cet oiseau est un des cas de success story les plus flagrants de la faune sauvage brésilienne.
C´est le premier à s´être adapté à la vie urbaine.
Il est aujourd'hui aussi abondant, sinon plus, que l´opportuniste moineau (
Passer domesticus).
Il est plus abondant dans les milieux urbains que dans son propre habitat naturel. Avec moins de prédateurs, ça va de soi.
Pour seuls prédateurs, il a les éperviers, faucons et les lance-pierres des gamins.
Son nom vernaculaire au Brésil (rolinha caldo de feijão = colombe sauce de cassoulet) vient sûrement de l´habitude commune que les brésiliens avaient : de le chasser pour agrémenter leur portion protéique journalière.
Aujourd'hui le poulet et le bœuf sont devenus très accessibles à la population, puis la répression de la chasse à visée alimentaire, ornementale et sportive prend des proportions dictatorielles. Ces deux facteurs associés ont un impact visible et très positif sur les populations d´animaux sauvages, urbains et autres.
A l´instar de cette colombe urbaine, d´autres populations à plumes se sont considérablement accrues dans les lieux anthropisés. C´est le cas des colombes
Patagioenas cayennensis et
Leptotila rufaxilla, de deux psitacidés urbains
Pyrrhura frontalis et
Aratinga leucophthalmus qui nidifient sous les toits domestiques,
Turdus rufiventris, ainsi comme les
Sporophilla coerulescens,
Sicalis flaveola,
Zonotricha capensis, Cardueilis magellanicus, Thraupis sayaca, Coerebus flaveola, Troglodytes aedon, Pitangus sulphuratus... Tous tirent parti des largesses de la civilisation : augmentation de l´offre de lieux de nidification, réduction des prédateurs naturels, abondance alimentaire.