Voilà une espèce largement citée, car à la base de la généalogie de nombre d'hybrides commerciaux. A tel point que
D. nobile devient souvent la dénomination donnée à sa descendance hybride.
Il n'y a qu'à faire une recherche sur Internet pour comprendre mon propos.
En Asie, paraît-il, il est largement répandu dans le sud et sud-est, des montagnes aux basses terres, de l'Himalaya à la Thailande. C'est un succès plutôt étonnant.
Dans mes parages je crois avoir affaire à celui des montagnes, étant donnée sa parfaite adaptation aux températures froides de l'hiver ici.
Chez moi il produit un bourgeonnement annuel pendant la chute de la durée des journées.
Quelques individus peuplent mon jardin, ne recevant aucune attention particulière, pas même des engraissages.
Pour ré-citer un poète chéri : 'mais au lieu d'arrosage, il n'eut rien que la pluie et les chiens levant la patte sur lui'.
Il fleurit en hiver* (jours courts) dans des conditions de forte amplitude thermique jour/nuit et le fait mieux, si l'induction se passe par fort éclairage et forte amplitude thermique jour/nuit.
*(enfin, on appelle ça officiellement l'hiver, cependant la nature montre des signes assez clairs d'un printemps en cours : troglodytes (
T. aedon) en couvaison, les grives (
Turdus rufiventris) font la cour, mûriers avec de jeunes feuilles). Puis les hirondelles, qui ne partent jamais, sont de retour.

Puisque je parle de
Troglodytes aedon, cette année j'ai apprivoisé, à l'aide de ténébrions et un série d'événements peu agréables, la maman des 4 petits sauvés de la gueule des chats errants. La voici, elle vient me demander des larves.
Dès qu'elle me voit dans le jardin, elle me tourne autour avec des vocalisations qui ressemblent en langage humain à ceci: "lued, je veux des larves, mes petits ogres ont faim".
Au début c'est rigolo, puis après on pense à son avenir et on se dit qu'il ne faut pas que ça dure.

A présent les larves sont offertes en toutes petites doses, en fin de journée, juste pour le comptage des rejetons. Ils sont presque autonomes.
Revenons à notre
D. nobile...
Bizarrement il produit du matériel floral, bourgeons et keikis en même temps ! Pendant la période plus sèche et lumineuse de l'année.
Pour résumer la ligne du dessus, il produit le gros de sa masse florale sur l'avant dernier pseudoB. Alors, il y a le bourgeon en cours P-0, le pseudoB de la saison précedente P-1 puis le pseudoB de l'année P-2 (celui produisant des fleurs).
Si je peux me permettre une remarque au sujet de ce comportement ... quand je regarde les caractéristiques :
- réserves d'eau énormes (très fort rapport des masses pseudoB/feuilles)
- caducité totale des feuilles sur le pseudoB P-3 et ceux d'avant.
- caducité partielle (basale) ou totale sur le pseudo P-2 produisant la floraison
J'arrive à la conclusion que cette plante est taillée pour une saison sèche bien marquée.
En comparant ces caractéristiques avec celles de Laelinae, on perçoit rapidement la conclusion précédente.
Alors que les Laelinae fleurissent sur leurs dernières réserves,
D. nobile, lui, le fait encadré : P-n(n>3)...pseudoB P-3, pseudoBFlo P-2, Pseudo P-1, Bourgeon P-0.
Ce qui permet de comprendre pourquoi le démarrage végétatif et floral se télescopent sans dommages à la saison sèche...CAD : il en a des réserves. Mais en culture, elles doivent être pleines à ce moment là.
Petite observation sur le rapport entre l'intensité lumineuse perçue/caducité foliaire/et intensité floraison :
Mes
D. nobile qui sont à l'ombre sont plus verts et plus "jolis" que ceux exposés au soleil. Ils gardent leurs feuilles plus longtemps, mais fleurissent avec moins de force aussi.
Par temps hivernal pluvieux, ils fleurissent moins bien. C'est le cas en 2013.
Les fleurs viennent sur de courtes hampes, par unité, paires ou par trois, sur les 2/3 supérieurs de la canne.
Côté parfum c'est simplement époustouflant. C'est le plus délicat parfum que j'ai pu sentir à ce jour. Il y a une note florale avec soupçon iodé.
Il exhale ce discret et délicieux parfum en journée et de façon plus intense s'il est exposé à une lumière vive.
Au braisier, l'espèce est presque acclimatée.
Son seul problème est de ne pas avoir un pollinisateur local qui veuille bien faire le boulot de la fécondation*.
Je suis tenté de croire qu'un bon pourcentage des individus, sinon presque tous, présents dans les jardins, sont des plantes issues d'une même division initiale.
Car un pseudoB mûr, arraché avec ou sans keikis a de bonnes chances de devenir une plante ... dans les conditions subtropicales d'altitude.
(* Alors que les
Arundina sp. (plantes asiatique aussi), par leur ressemblance florale avec les Laelinae, arrivent a trouver des preneurs (hyménoptères = bourdons et autres abeilles) pour leur pollinisation)
En somme, chez moi il passe par deux grandes étapes climat/comportement sans aucune intervention de ma part.
1- induction florale avec froid, forte amplitude thermique, forte luminosité (peu d'UVs), stress hydrique + début de développement des cannes
2- fin de développement des cannes en été avec chaleur, faible amplitude thermique ~10°C, ombragé et arrosages fréquents
En images:Vers
début ou mi avril je les expose au soleil direct. Attention,
à ce moment les rayons solaires ne brûlent plus !

A ce moment il pleut moins², les températures chutent, surtout la nuit. Avec des amplitudes pouvant atteindre 20°C, ex. 27°C jour, 7°C nuit ou moins.
²(les pluies ne sont plus journalières, comme en saison chaude. On peut passer des semaines sans une précipitation).
Il commence alors à perdre naturellement pas mal de feuilles de ses 'cannes' plus anciennes N-2, N-3 et moins. Enfin, il se dénude.
C'est un bon signe, car cette caducité va lui permettre une meilleure exposition/visibilité des fleurs. Ce qu'il ne sait pas, c'est qu'il n'y a pas de pollinisateur pour lui ici

.
Vers la
fin mai il répond en induction florale
Notez les excroissances sur les inter-nœuds sur pseudoB glabre.
Notez la couleur des pseudoB, ils sont vert pâle/jaune. Cette coloration est moins agréable que le vert, mais ce beau vert signale une mauvaise exposition lumineuse qui entraînera une floraison médiocre.

Vers la
fin mai encore, un autre individu avec des excroissances sur un pseudoB folié.
Si le Pseudo N-2 est bien folié à ce moment, une faible floraison est en chemin.

Vers la
fin mai, lorsqu'il débute l'induction florale, il active aussi les gemmes qui donneront les 'cannes' et les keikis.
Ces gemmes (ou bourgeons indifférenciés) vont croître sous stress hydrique jusqu'en août.
Ici, la plante est en pot dans un mélange ultra drainé (écorces, charbon, céramique granit et des débris de l'arbre qui l'a porté pendant la période ombragée/chaude/pluvieuse)

Voici la floraison de
septembre 2012 (hiver sec-lumineux) d'un individu accroché à un tronc de goyavier (
Psidium sp., c'est un support peu adapté, car lisse et se desquame).
Les pseudoB

Le même individu en août 2013 (hiver sombre-pluvieux)

Les 'cannes' terminent leur développement dans le chaud/faible (Dt~10°C) amplitude thermique/pluvieux/ombragé.
Ici, l'individu du goyavier au mois de
février 2012Notez comme la plante est devenue plus verte.
En février/mars les nouveaux pseudoB terminent leur développement.

Pour une transposition climatique en Europe il faut ajouter +5 ou +6 mois à mes observations. En fonction de la force des radiations solaires. Exemple : mai en hémisphère sud correspond à ~octobre en hémis. nord.
En Europe, pour se caler correctement observez la caducité chez les arbres feuillus. C'est un bon indicateur. Quand les feuilles des arbres tombent en masse, les dendrobiums doivent déjà être exposés à la lumière directe depuis 2 ou 3 semaines.
La difficulté de faire fleurir des orchidées à induction florale hivernale en Europe est là... faire coïncider le début de la saison froide avec un fort éclairage, une forte amplitude thermique, et tant que possible; un stress hydrique.
Voici quelques floraisons 2013. L'hiver pluvieux a un peu limité la splendeur de la chose.
en pot, dans une configuration peu adaptée=pseudoB droits

monté sur tronc de goyavier
Psidium sp.
sur pitangueira (
Eugenia uniflora) et l'ombre tout au long de l'année.

Sur arbre mûrier (
Morus nigra), arbre à feuillage caduc. Cette plante a moins d'un an sur ce tronc.
